À Couëron, les prix de l’immobilier s’envolent, les acheteurs sont plus frileux.
Des habitants, filant panier sous le bras au marché ; des parents emmenant dare-dare les enfants au sport et la file d’attente à la poissonnerie. Ce samedi matin, une ambiance joyeuse de début de week-end égaye le quartier de la Chabossière, à Couëron (Loire-Atlantique).
C’est au cœur de ce secteur très animé, où les habitants se disent davantage « Calbosiens » que Couëronnais, que Jérôme Guérin a monté sa première agence immobilière en 2013. Dans le métier depuis 1997, l’agent, bientôt âgé de 50 ans, n’est pas étonné de la flambée de l’immobilier dans cette commune de 22 680 habitants.
10,6 % : c’est la hausse sur un an du prix médian au m² pour les appartements anciens (moins de dix ans). Celui-ci culmine à 3 450 €, talonnant dorénavant les prix des communes prisées dans l’agglomération nantaise, comme Carquefou (3 590 €) au nord ou Saint-Sébastien-sur-Loire (3 460 €) au sud.
180 000 € pour un 60 m2
Le prix médian du terrain à bâtir, entre 400 et 500 m2, caracole aussi jusqu’à 160 000 € : c’est deux fois plus cher qu’à Saint-Julien-de-Concelles dans le Vignoble (81 600 €) et plus élevé qu’à Carquefou (148 900 €). Un autre prix ? "Pour un T3, avec deux chambres, il faut compter 180 000 € pour un 60 m²", observe Jérôme Guérin.
Dans la métropole, Couëron affiche l’une des plus importantes évolutions des prix de l’immobilier sur un an. Des chiffres qui n’éberluent pas le spécialiste. "Après le confinement, les acheteurs ont afflué, raconte-t-il. Avides d’espace, ils n’avaient que deux mots à la bouche : balcon et jardin. Face à ce flot de demandes, mécaniquement les prix ont grimpé. Parfois beaucoup trop haut."
Couëron, faisant partie de Nantes Métropole, n’est pourtant située qu’en deuxième couronne nantaise, à 15 km de Nantes. Pourquoi attire-t-elle autant ? "On note un fort dynamisme économique, notamment vers les Hauts de Couëron avec l’installation de nombreuses entreprises, près de l’axe Nantes-Saint-Nazaire", explique l’agent immobilier. Au niveau des transports, la commune est desservie avec quatre lignes de bus dont la ligne express 1 vers la gare maritime à Nantes, sans compter le navibus vers Le Pellerin. « La gare est aussi un point fort, avec 10 % de fréquentation en plus chaque année, insiste Michel Lucas, adjoint à l’urbanisme. Nous allons d’ailleurs augmenter la capacité du parking relais de 90 places. » D’autres atouts ? L’élu souligne également « l’énergie du tissu associatif » avec 150 structures, « le charme des bords de Loire »…
Un marché stagnant depuis l’automne
Mais cette hausse des prix, constatée depuis 2021, s’envole-t-elle toujours aussi haut comme les cigognes blanches planant au-dessus des marais de Couëron ? "La hausse des prix s’est poursuivie pendant le premier semestre 2022, mais depuis le mois d’octobre, le marché stagne", nuance Jérôme Guérin. Avec la crise de l’énergie, les clients épluchent la performance énergétique du bien et fuient les passoires thermiques. Coincés entre des taux d'usure qui grimpent et des prix de l’immobilier encore élevés, ils hésitent ou se font parfois refouler par les banques. "Le nombre de transactions a baissé depuis l’automne, constate Jérôme Guérin. J’ai eu le cas d’un couple de 60 ans avec 6 000 € de revenus, 200 000 € d’apport personnel. Malgré des revenus corrects, la banque leur a refusé le crédit pour acheter un bien à 400 000 €. Ils ont sollicité leurs parents de 80 ans. C’est la première fois que je vois ça."
Le taux d’usure est le taux effectif global maximal (tout inclus : taux de crédit pratiqué par la banque, éventuelle commission des courtiers, assurance emprunteur dans le cas d’un prêt immobilier…) auquel les banques peuvent prêter.
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